Le jeudi matin tôt, la Landrover , déjà bien chargée, arrive à la clinique dentaire pour embraquer Henry et Wannie et tout le matériel dentaire pour cette excursion. Ils chargent tout sur le toît et c’est parti pour plus de 10h de route. Les privilégiers – dont je fais partie- s’en vont au petit aéroport de la ville le vendredi matin tôt. Là, un hélicoptère nous attend ! Pour nous, les 10h de route sont transformées en 1h de vol. Quelle grâce !
Nous survolons la ville de Monrovia et ses environs, la plage et puis, petit à petit, de la forêt, de la foret et que de la forêt. Où habitent les gens ? Pas de route ? Mais de quoi vivent-ils ? Et comment font-ils en cas d’urgence vitale ? Pour eux, pas d’hélicoptère, pas d’ambulance et pas d’hôpitaux.
Au village
A notre arrivée à Gbadiya (vous pouvez cliquer pour voir le village sur une carte), une foule est là, au bord du petit terrain de foot. Ils nous accueillent avec des chants et des danses «Gloire à Dieu, il vous a amené jusqu’à nous !», leurs visages sont illuminés.
Le groupe de la Landrover et les villageois ont déjà tout préparé : la petite église du village est transformée en clinique ! Déjà des centaines de patients attendent leur tour, sagement sous le manguier.
De notre côté, nous pouvons rapidement nous mettre au travail. Henry s’occupe de la stérilisation des instruments (à la pression!) tandis que Wannie et moi faisons les extractions. Pas d’aspiration, pas de fraise, pas de chaise pour les dentistes, pas de ventilateur, pas d’eau pour rincer la bouche… Il faut s’adapter. Mais le plus important est d’aller de l’avant, on a du monde qui a besoin de nos soins.
Chaleur
La chaleur est pénible. Je coule de partout.. même mes mains gogent dans des gants pleins de sueur !
Pendant ce temps, le village est une vraie fourmilière : Les pasteurs prient pour et avec les patients, ils aident à gauche à droite pour que les urgences puissent être vue en priorité. Certains se font tester la vue, d’autres viennent voir le pédiatre pour leurs enfants, d’autres encore viennent consulter un médecin. Les femmes enceintes, elles aussi, font la queue pour voir une doctoresse. A la pharmacie, chacun attend son tour patiemment, aurons-nous des médicaments pour tout le monde ?
A la fin de la journée, nous renvoyons les derniers arrivés. La nouvelle s’est répandue dans les villages voisins. Revenez demain matin !
La soirée est douce. Moses Paye, pasteur et organisateur de ces excursions, rassemble notre équipe pour débriefer. Quelles sont les choses qui se sont bien passées ? Et celles qui doivent être améliorées ? La discussion est animée et constructive.
Deuxième jour
Le soleil se lève sur le village, à 7h30 il y a déjà bien du monde sous le manguier. Après un petit culte pour tous, nous nous mettons au travail. Nous savons que l’hélicoptère arrivera à 14h.
Le départ approche. Le bilan est positif : Nous avons vu plus de 600 patients au total, extrait une 60ène de dents, sauvé la vie d’un petit garçon de 4 ans qui ne mangeait plus depuis des jours, parlé de Jésus à des gens qui ne le connaissaient pas.
Joie, gratitude et reconnaissance se mélangent à un sentiment de mélancolie, d’impuissance et d’injustice. Et cette jeune femme de 23 ans qui ne peut plus marcher depuis peu ? et ces jeunes filles enceintes malgré elles ? Ces patients arrivés trop tard… Je les admire. Et je les remets à Dieu.
Melvina