Boakai
29 jan, 2020
On reconnaît au loin les crissements de sa brouette. « Ah Boakai arrive avec ses petites madeleines à la banane, son cake au maïs et ses chaussons au poisson ». Nous, on lui achète généralement quelques petites madeleines qu’on garde pour notre 10 h, dessert du midi ou notre 4 h.
L'école
Boakai a 14 ans et du petit matin au soir, il vend en poussant sa brouette. Tant qu’il n’a pas tout vendu, il n’est pas question de rentrer à la maison. Un jour il me dit fièrement : « maintenant je vends, mais au deuxième semestre, je pourrai aller à l’école et c’est mon frère qui va vendre. » « Waouh je suis contente pour toi, je réponds. Tu es déjà allé à l’école ? » Il me répond que oui, et qu’il va continuer en 5e, c’est-à-dire avec 4 ans de retard sur les autres élèves. Mais il n’est pas le seul dans ce cas ! L’école au compte goutte… c’est fréquent ici. Boakai, Gabriel le connaît bien maintenant. Dès qu’il l’aperçoit, il va chercher un récipient pour y déposer les petits gâteaux.
Un sourire
La fin de la journée touche gentiment à sa fin, le petit crissement revient. On lui demande « Qu’est-ce qu’il te reste ? » Si la petite armoire est presque vide, on répond « Pour aujourd’hui, on te prend le reste ! » et en retour, nous recevons le plus doux et reconnaissant des sourires !
En une journée, il récolte environ 10-12CHFS. Mais la farine coûte 1.50-2chfs le kg, la margarine 1.50 les 300gr, les œufs 1chfs pour 6, et le sucre, les bananes, la levure, le maïs, etc. On se demande comment ils font un réel profit.
Finalement je dis à Boakai, « tu te réjouis de ne plus avoir besoin d’aller vendre ? ». Et il me répond en souriant : « Après l’école, j’irai vendre des coolei (jus congelés) et des cookies et je vendrai avec ma brouette les samedis ! ».
Toujours poli et souriant, sans se plaindre, ce jeune garçon me donne une leçon. Et on peut facilement comprendre pourquoi il lui arrive de piquer un somme sur notre porche !
Melvina, Nicolas, Théotime, Siméon et Gabriel